Cette intervention a permis d'observer un ensemble de structures et de niveaux archéologiques compris entre le XIVe et le XVIIIe s. La présence de mobilier antique en position secondaire permet cependant de restituer la chronologie de l'occupation sous-jacente ou des environs immédiats de l'immeuble. En fait, il semble que ce secteur de "Burdigala" ait fait l'objet d'une occupation et/ou d'une fréquentation quasi continues, entre la fin de la protohistoire et la fin du Bas Empire. Une épaisse couche de "terres noires" assure une transition directe entre la fin de l'Antiquité et le début du XIVe s. Cette couche pourrait correspondre à à une longue phase de mise en culture. C'est au début du XIVe s. que doit être chronologiquement attribuée la réalisation d'une véritable urbanisation avec la mise en place d'une rue bordée de plusieurs maisons. C'est durant cette même période qu'est construite la troisième enceinte de Bordeaux qui englobe le quartier dans lequel se situe cette opération. La rue formée de plusieurs recharges de graviers et de galets est orientée nord-sud et pourrait correspondre à l'ancienne rue de Marseille. Certaines maisons, très partiellement observées, ne semblent pas subir de grandes modifications jusqu'à la fin du XVIIe s. La réalisation du glacis du Château Trompette par Vauban, à partir de 1685, se traduit par un nivellement général parfaitement perceptible sur l'ensemble de la zone explorée. Il faut attendre ensuite la fin du XVIIIe s. pour voir se développer un nouveau programme de constructions dans ce quartier et la réalisation de l'hôtel de Saige par Victor Louis. De cette période subsistaient quatre puissants piliers de soubassement destinés à supporter une double colonnade à l'antique à claire-voie abattue au milieu du XIXe s., lors de l'extension de l'immeuble et la fermeture de sa cour intérieure.