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Auteur |
Besnard-Vauterin Chris-Cécile |
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Co-auteur |
Besnard Michel Corde Dominique Feret Lénaïg |
Titre(s) | Autoroute A88 Caen-Sées, Nécy (Orne), La Martinière : Un habitat de la fin de la période gauloise et un sanctuaire du Haut-Empire : rapport de fouille |
Edition | Cesson-Sévigné : INRAP GO, 2006 |
Collation |
1 vol. (86 p.) : 29 fig. ; 30 cm |
Notes |
La page de titre porte en plus : "rapport final de fouille archéologique préventive" |
Résumé |
Localisé sur la future liaison autoroutière A88 entre Falaise et Argentan en limite départementale de l'Orne avec le Calvados, le site de la "Martinière" à Nécy a dévoilé à travers une fouille sur 3000 m² de superficie l'existence de deux installations successives de la fin de la période gauloise et du Haut-Empire. L'un des intérêts de ce site réside en la perduration de l'occupation après la conquête romaine. Peu de comparaisons sont connues à ce jour dans l'Orne, hormis l'oppidum de Exmes (Fichet de Clairfontaine, 1992), alors que le département de la Manche commence à être mieux documenté à travers les établissements fossoyés d'Hébécrevon "Le Couesnerie", de Gouvets "La Bruyère de Rousseville" et de Coutances "Le Petit Vaudôme" (Fichet de Clairfontaine 2002). La première occupation consiste en un habitat clos attesté par une série de vestiges excavés : des fosses, deux caves de stockage et des trous de poteaux d'un ou plusieurs bâtiments en bois, dont un construit au-dessus des deux caves. Cet ensemble est cerné par un fossé d'enclos aux tracés rectilignes dont seulement la partie sud a été reconnue dans l'emprise autoroutière. Son plan est supposé quadrangulaire, orienté nord-ouest / sud-est. Quelques autres vestiges d'habitat se situent dispersés en dehors de cette enceinte : une petite série de trous de poteaux sans structuration apparente, un silo isolé et un four à chambre de cuisson voûtée construite sur une armature de branchage entrelacé. Près de l'angle sud de l'enclos a été découverte une sépulture d'enfant accompagnée de deux vases et d'une fibule en bronze de type Nauheim. Un autre squelette, celui d'une femme, a été trouvé dans le remplissage d'une des deux caves. Le crâne montre la trace d'un coup, probablement d'une épée, ayant causé la mort. Tous ces vestiges se placent dans une fourchette chronologique du 1" siècle avant J.-C. Vers la fin de cette occupation, le fossé d'enclos se comble et sa dépression sert pour l'installation d'un four. Aux premières décennies de notre ère, le site montre une continuité dans la fréquentation mais sous forme diffuse et peu matérialisée. Elle est témoignée à travers quelques fosses, aménagées à l'intérieur et aux alentours de l'habitat gaulois, jusqu'à une cinquantaine de mètres dans les environs. On considère qu'un certain nombre de trous de poteaux non datés peuvent également remonter à cette période. L'enclos n'exerce plus sa fonction de délimitation. Les limites fossoyées de l'occupation gallo-romaine semblent prendre leurs racines à cette époque. Leur orientation de nord-ouest en sud-est et de nord-est en sud-ouest s'inspire sur les axes des fossés gaulois. A partir du milieu du 1er siècle, l'installation antique se développe pleinement. Elle s'implante partiellement sur l'habitat gaulois. C'est sans doute à ce moment que le lieu est marqué par un changement de destination en devenant sanctuaire, sachant toutefois que les éléments de datation ne sont fournis qu'indirectement par les structures secondaires. Le vestige principal est constitué d'un fanum, un petit édifice cultuel de tradition celtique. Les fondations des murs, seuls vestiges conservés, dessinent un double plan carré concentrique, composé d'une cella, pièce centrale destinée à la divinité, entourée d'une galerie couverte. Ses dimensions sont de six mètres de côté pour la cella et d'une douzaine de mètres pour la galerie. La construction est présumée en matériaux mixtes associant soubassement en dur, élévation en matières périssables et couverture en tuiles.L'entrée est supposée sur la façade est-nord-est où des trous de poteaux témoignent d'un auvent en bois. Le temple s'inscrit dans une aire sacrée délimitée au nord-est et au sud-est par deux fossés mentionnés plus haut. Les limites occidentale et septentrionale n'étant pas connues, le site antique s'étend sur ces côtés en dehors de la zone de fouille. En supposant l'implantation du temple au centre de cette enceinte, tel que sur d'autres petits sanctuaires ruraux comme à Saint-Martin-des-Entrées (Paez-Rezende 2000) et Hecqmanville (fouille C. Maret, inédit), on estime sa surface à environ 4000 m2. Un petit nombre de fosses se situe à l'intérieur de cette aire. Le mobilier céramique date ces installations du milieu du 1er au IIème siècle après notre ère. La nature cultuelle du site se lise dans le plan caractéristique de la construction, mais n'apparaît pas dans les vestiges secondaires ni dans les mobiliers associés. Ces derniers se composent de détritus alimentaire et domestique, dont le répertoire est commun sur tout habitat antique. II n'intègre aucun mobilier ex-voto et ne traduit aucun geste intentionnel de dépôt votif. Cette constatation est à l'image d'autres sanctuaires ruraux bas-normands tels qu'à Saint-Martin-des-Entrées. Dans le contexte cultuel du site de Nécy, ces restes résultent sans doute de banquets rituels pratiqués sur le sanctuaire. La présence de coquilles d'huîtres et de coques demeure toutefois remarquable dans un lieu éloigné de plus d'une cinquantaine de kilomètres de la mer. Si les coquillages, en particulier les huîtres, sont largement représentés sur les sites antiques des régions côtières, leur présence semble à ce jour exceptionnelle dans l'orne et pourrait donc souligner l'intérêt du gisement. Les motifs de l'implantation du temple en ce milieu rural isolé demeurent hypothétiques. Aucun site d'habitat antique n'est connu à ce jour dans les environs proches avec lequel le lieu cultuel pourrait être mis en relation. En revanche, une voie romaine est supposée à proximité reliant Vieux, chef-lieu des Viducasses, à Sées, capital de la civitas des Esuvii à laquelle appartient le sanctuaire de Nécy. La frontière territoriale entre ces deux cités est supposée bien plus au nord et ne semble donc sans lien avec la localisation du lieu cultuel. Le contexte environnemental a fort probablement joué un rôle dans le choix de l'implantation du site : localisé en position de hauteur sur une crête formée par le plissement du Massif armoricain, l'endroit domine la large vallée de la Dives et ses affluents. Autre élément favorable consiste en la proximité d'une source alimentant la Filaine, affluent de la Dives. D'ailleurs, la présence de ce point d'eau a dû également constituer un motif pour l'installation gauloise. Les raisons de l'évolution de cet habitat protohistorique en sanctuaire antique demeurent inconnues. La question se pose sur l'existence d'un lieu de culte antérieur ou de gestes cultuels insoupçonnés, par exemple liés aux sépultures mises au jour dans ce contexte. Un développement semblable caractérise le site de Saint-Martin-des-Entrées où le lieu cultuel s'installe sur un habitat laténien, bien qu'un établissement agricole antique se déploie ici en parallèle. Le sanctuaire est abandonné au cours de la seconde moitié du IIème siècle. A défaut de connaissance sur d'éventuelles installations antiques dans les environs, il est difficile de se prononcer sur une réelle désertion ou un simple déplacement du site vers un autre centre cultuel au sein du même territoire. En tout cas, cet abandon s'ajoute au nombre d'autres établissements régionaux quittés dans un même intervalle chronologique (Mondeville, Ifs, Bréville-les-Monts. ..), annonçant peut-être la crise du IIIème siècle. D'autres sites, nettement plus rares, perdurent in situ jusqu'à la fin de l'Antiquité (Rots). |
Sujet |
cave bois enclos four silo sépulture fibule fanum cella matériaux de construction habitat vaisselle sanctuaire |
Lieux |
Orne Dép |
Chronologie |
Protohistoire Age du fer La Tène Antiquité romaine Haut-Empire |
Descripteur |
Nécy
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Ark de la Notice : | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0120757 |
Ark status | URL Ark actif |
Ark de DB16001101_BD.pdf | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0120757/doc/14587 |