![]() ![]() |
Auteur |
Colliou Christophe |
---|---|
Co-auteur |
Rivière Frédéric |
Auteur secondaire |
Bartalini Céline Camagne Géraldine Guillemenot Elise Steinmann Ronan Philippe Michel Roux Léa |
Titre(s) | Dunkerque (59), lycée Benjamin Morel : le site du lycée Benjamin Morel, le dépotoir d'un rassemblement d'ateliers artisanaux : rapport de fouilles |
Edition | Beaumont-lès-Valence : Arkemine, 2014 |
Collation |
2 vol. (205, 163 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm + 1 CD |
Résumé |
Le diagnostic archéologique effectué préalablement à la fouille avait révélé un ensemble de niveaux de sols successifs, datés de la période XIV-XVe siècle par le mobilier céramique et contenant un espace particulièrement intéressant relatif à une activité métallurgique de post-réduction. Avant même la fouille, le site du lycée Benjamin Morel avait clairement été présenté comme celui d'une forge médiévale posant la question de l'utilisation du charbon de terre. Si l' utilisation de ce combustible pour la fin du Moyen Âge est connue de quelques sources écrites, elle n'avait jamais été mise en évidence par des moyens archéométriques sur un site artisanal. La fouille s'est déroulée en milieu urbain, dans un substrat sableux. Aucun trou de poteau ou trace d'habitation médiévale n'a été retrouvé. Le site était mité par les fondations de bâtiments modernes et celles du lycée B. Morel, construit après-guerre. Le matériel céramique collecté lors de la fouille a conforté l'appartenance du site au bas Moyen Âge. Des concentrations de déchets d'une activité de post-réduction ont été retrouvées, correspondant à des rejets d'ateliers. La découverte de dépôts très concentrés d'ossements d'animaux laissait supposer la proximité d'une aire d'équarrissage ou de boucherie. Différents amas interprétables comme des résidus d'un gâchage de chaux ont également été observés. Le site était vraisemblablement situé en lisière d'une zone où l'activité était très diversifiée. Le recoupement des différentes études réalisées sur le matériel permettent d’être affirmatif sur la nature du site du lycée B. Morel. Il s'agit d'un dépotoir dont seule une fraction a été mise au jour. Il s'étendait vers le nord-ouest de l'emprise, sans pouvoir préciser son extension. Dans l'environnement de ce dépotoir se seraient développées naturellement de fines couches noires chargées en battitures, interprétées comme des sols de forge au diagnostic, mais au final sans rapport avec une activité anthropique. Si l'espoir de retrouver un bâtiment de forge médiéval a été déçu puisqu'aucune structure bâtie ou creusée n'a été mise au jour, les apports sont néanmoins nombreux. Le mobilier céramique et deux datations radiocarbones ont révélé une occupation du secteur dès le VIIe siècle après J.-C. L'ensemble céramique recueilli dans ce niveau est malheureusement trop faible pour appréhender la nature de cette occupation et aucun lien avec une quelconque structure archéologique n'a pu être établie. Cependant, la mise au jour d'une activité anthropique dans ce secteur de la ville à une période aussi avancée constitue une découverte remarquable dans l'histoire de la création et de l’évolution de la ville de Dunkerque. Le dépotoir identifié s'est avéré particulier, au sens ou il ne reflète pas la vie quotidienne, mais une activité artisanale diversifiée. La répartition fonctionnelle de la céramique nous renseigne sur sa nature. En effet, celle-ci ne reflète pas l'assemblage "classique" d'un contexte domestique. La forte proportion de céramiques culinaires et la faible part des céramiques de table en sont les principaux témoins et la part non négligeable des céramiques de stockage et de préparation, plus élevée que celle des céramiques de table, sont tout à fait particulières. Il ne s'agit donc pas d'un dépotoir domestique. Parmi les différentes activités identifiées qui ont rejetées leurs déchets durant la même période, évoquons : le gâchage de mortier, la boucherie, une activité de préparation culinaire, une forge, axée sur la production de clou, dont certains pourraient être dédiés à la construction de bateaux. Les déchets métallurgiques retrouvés n'étaient pas placés dans des fosses, ce type de structure en creux n'était pas présent sur l'emprise. Les scories étaient entassées en de multiples endroits. Ces concentrations peuvent être interprétées comme des dépôts effectués en utilisant des seaux ou des brouettes. La formation du dépotoir a vraisemblablement été effectuée par des apports réguliers de déchets en petite quantité plutôt que par de grands arrivages. L'étude de la faune montre que les restes osseux ont été fragmentés avant leur enfouissement. Les agents de fragmentation post-dépositionnels n'interviennent que très peu. Il n'y avait donc guère de déplacement et de piétinement à cet endroit. Les restes d'animaux n'ont pas été exposés aux aléas climatiques et ont été enfouis rapidement. Ce qui pourrait indiquer une gestion des lieux, pour éviter les odeurs ou les problèmes sanitaires. Aucun des déchets métallurgiques retrouvés lors de la fouille ne correspondait à l'étape de la réduction directe du minerai de fer. Cette activité n'a pas été pratiquée sur le site ou à proximité. Le métal provenait d'ailleurs. L'absence de traces d'opération d'épuration laisse à penser que le métal utilisé arrivait à l'état de produit semi-fini. La production principale concernait des objets de petites tailles, peu sophistiqués, comme des clous. Outre ce résultat, cette étude des déchets métallurgiques a permis de proposer une piste innovante pour tracer l'utilisation de la houille pour le travail de forge. La houille, qui est un combustible contenant du soufre en teneur variable, a été retrouvée sur le site, mêlée aux culots de forge. Le fait d'avoir trouvé au sein de quatre culots différents un même type de composé soufré tend à montrer que l'utilisation de la houille lors d'un travail de forge est susceptible de créer un type de composé particulier, contenant du soufre, du potassium et du fer. Ce composé soufré est maintenant identifié comme de la jarosite. Comme cette espèce minérale n'a jamais été observée dans les culots de sites antérieurs au bas Moyen Âge, elle pourrait devenir un indicateur futur pour attester de l'usage de la houille sur les sites de forge anciens. Cette hypothèse doit encore être validée en pratiquant les mêmes types d 'analyses sur le matériel d'autres sites où on suppose l’utilisation de la houille, ou en réalisant des expérimentations de forgeage avec ce combustible et vérifier les produits obtenus. |
Sujet |
ville géomorphologie dépotoir scories culot boucherie artisanat alimentaire chaux |
Lieux |
DunkerqueNord Dép |
Chronologie |
Haut Moyen Age VIIe siècle Bas Moyen Age Temps Modernes |
Ark de la Notice : | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0147271 |
Ark status | URL Ark actif |