Pour les archéologues, une ville se présente d'abord comme un espace particulier qui se distingue de ce qui l'entoure par la densité des vestiges de toutes époques, de l'origine à nos jours. Le lecteur verra que l'on fait souvent référence, pour présenter Tours antique et médiéval, à de grandes étapes fondées sur les organisations spatiales successives de la ville, avec pour postulat, qu'à chacune correspondait un changement social observable sinon toujours explicable : avant Tours, la ville ouverte du 1er au 3e siècle, la ville close du 4e au 9e siècle, la ville réunie des 14e-15e siècles. Chacune de ces étapes dispose d'une histoire propre, marquée par des transformations de ses composantes. La pratique de l'archéologie dans l'espace urbanisé consiste à sortir du sol, dans chaque fouille, des pièces appartenant à ce qui s'apparente à des puzzles, et à tenter de les assembler à des pièces voisines, avec plus ou moins de succès. La difficulté provient moins d'un éventuel mélange des pièces d'un puzzle à l'autre que de la dispersion des pièces d'un même puzzle car chacun se révèle incomplet. Pour certaines périodes, on verra qu'il y a plus de vides que de pièces. Le bilan de l'archéologie de Tours présenté ici met l'accent sur le savoir acquis, les pièces connues, mais aussi sur les difficultés de leur assemblage, parfois sur le total isolement qui les rend énigmatiques. Les pièces des puzzles sont présentées dans une première partie consacrée aux sources et leurs assemblages forment le corps du reste de l'ouvrage. Et pour filer la métaphore jusqu'à son terme, chaque puzzle montre une ville se découpant sur un fond de connaissances générales, ciel parfois clair, parfois nuageux ou brumeux.