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Auteur |
Marchaisseau Vincent |
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Auteur secondaire |
Bandelli Alessio Baudry Georgie Boulen Muriel Daoulas Geneviève Delor-Ahü Anne Filipiak Benoit Gonnet Adrien Lecomte-Schmitt Blandine Louis Aurore Montembault Véronique Paresys Cécile Roms Cédric Tegel Willy Testard Pierre Verbrugghe Geert |
Titre(s) | L’évolution d’une zone humide au sein de la ville de Troyes (XIIIe-XXe siècles) : Troyes, Aube, Rue de la Planche Clément, Grand Est : rapport de fouille |
Edition | Metz : Inrap GE, 2025 |
Collation |
4 vol. (482, 486, 536, 366 p.) : couv. ill., ill. en coul., cartes, plans ; 30 cm |
Autre oeuvre en liaison |
Des chenaux aménagés médiévaux aux bains modernes: une histoire d'eau - Troyes, Aube "Quartier Planche Clément" Grand Est - Louis Aurore - Inrap GEN - 2017
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Résumé |
L’opération de la rue de la Planche Clément a permis de mettre en évidence le devenir d’une zone urbaine peu dense, intégrée tardivement à la ville par le biais de nouveaux remparts. Zone humide de surcroît, il a fallu drainer ces terrains avant d’y pratiquer des activités. Les niveaux les plus anciens repérés remontent à l’Allerød (phase de réchauffement au cours du Tardiglaciaire), mais n’ont pas livré d’éléments de culture matérielle indiquant une occupation humaine. Des analyses palynologiques permettent cependant de retracer l’environnement du site à cette période. Pour la protohistoire, un paléochenal de la Seine a pu être mis en évidence, là encore sans indication directe d’une occupation humaine, uniquement sur la base d’une datation radiocarbone. Le chenal est large et peu profond et se comble durant le Bronze final d’après une datation au radiocarbone (1109-856 av. J.-C.). On retrouve ensuite du mobilier de l’Antiquité (phase 1), majoritairement en position résiduelle, et un niveau de graviers repérés sur les secteurs 2 et 3. Le granuloclassement de cette formation démontre la présence d’une seule taille de graviers, de l’ordre de 2-3 cm, permettant de faire l’hypothèse d’un apport anthropique. Cette butte aurait eu pour but un exhaussement du site. Plus au nord, sur le site du Campus Universitaire, quelques petits fossés antiques semblent avoir permis de drainer des terres pour des activités agricoles. Les indices chronologiques pour le premier Moyen Âge sont presque aussi indigents. Du mobilier en position résiduelle des VIe-VIIe siècles (4 NR) et de la fin du XIe-première moitié du XIIe siècle (5 NR) se retrouve au sein de quatre structures (phase 2 et 4). La première occupation se fait jour grâce à une dizaine de sépultures de la fin du VIIe-fin du IXe siècle (phase 3), sans doute en limite d’une zone marécageuse, à l’extérieur de l’enceinte du Bas-Empire. Nous sommes ici encore face à une occupation funéraire de type rural, à l’image de nombre de petites nécropoles carolingiennes le long d’axes viaires. Il faut ensuite attendre le milieu voire la seconde moitié du XIIIe siècle pour voir les premières occupations pérennes sur l’emprise fouillée. Les premières structures de drainage doivent être contemporaines de l’intégration de la zone à l’intérieur de la ville avec la construction de la nouvelle enceinte en 1229-1230 par le comte de Champagne. Canaux et fossés cohabitent et définissent sans doute assez tôt des parcelles (phases 5 et 6). Les textes nous renseignent dès le XIIIe siècle sur la présence d’au moins trois maisons sur la rue Neuve, au sud de l’emprise fouillée (en 1268). Dès le XIIe siècle, des vignes occupaient le secteur. Lors de la seconde moitié du XIVe siècle (phase 7), les canaux paraissent plus larges, et sans doute plus efficaces dans leur gestion de la dynamique hydraulique, car leur tracé sera désormais le même jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Le mobilier est également plus abondant et varié, en accord avec une occupation domestique : céramique, faune, métal, cuir et mortiers culinaires en pierre. Durant les phases 6 et 7, quelques tronçons de canaux et fossés ont livré des pieux le long de leurs rives, en renforts de berge. Les analyses palynologiques réalisées dans quelques US des canaux mettent déjà en évidence une grande importance du chanvre (11 %) et de l’ortie à feuilles de chanvre, l’enregistrement d’une ripisylve et d’une strate herbacée. C’est ensuite le saule qui se développe au détriment de l’aulne et le peuplier apparaît. Les prélèvements les plus récents indiquent une forte proportion de rejets anthropiques avec des rudérales et des céréales (24 et 28 %). L’unique échantillon carpologique témoigne d’une prépondérance des plantes adventices, mais aussi de la culture de la vigne et du noyer. Au cours du XVe siècle (phases 8 et 9), les éléments de la culture matérielle sont moins nombreux et moins diversifiés. Les canaux sont globalement les mêmes avec peut-être déjà un rétrécissement de ceux-ci à la fin de la période. Deux niveaux d’occupation, les premiers bâtiments sur solins identifiés, la présence de quelques fosses et d’un puits matérialisent les marges d’une occupation domestiques, sans doute du type « fond de parcelle ». Les bâtiments d’habitation se situent hors emprise, le long de la rue Neuve des Bains, au sud de la fouille. Les terrains sont des jardins ainsi qu’en témoignent la mention du jardin des Clercs appartenant à l’évêque. Celui-ci accueille l’occupation la plus singulière de cette opération : une zone funéraire réservée aux prisonniers morts dans les prisons de l’évêque et les suicidés. On dénombre 43 faits funéraires regroupant 51 individus en position primaire et 46 amas ou ensemble d’ossements en position secondaire, soit 88 individus au total. La population se compose d’une très grande majorité d’hommes (3 femmes probables) et aucun immature. 14 datations radiocarbones permettent de circonscrire la période d’inhumation entre la fin du XIIIe et le milieu du XVe siècle (phases 6 à 8). Une déclaration des biens de l’évêché fait mention d’ung petit jardin, appelé le jardin aux clercs, assis et seant entre les molins de jaillard et la planche clement, et est led. Jardin estably ad ce que [si un] prisonnier malfaisant meurt es prisons dud. reverend, on le met en terre oud. Jardin. Un inventaire de 1475 précise que l’on y enterre les prisonniers et autres qui se font mourir. Ces deux documents sont postérieurs aux dernières inhumations recensées. À partir de la phase 10 (fin XVe-première moitié XVIe siècle), le canal principal est construit, d’une largeur réduite, présentant des pieux et des palplanches sur ses côtés. Un bassin à rouir le chanvre fonctionne avec cette bonde. Un règlement de 1512 permet d’établir le lien avec les données archéologiques : Jean Jacquard et sa femme ont l’obligation [...] de faire bastir une bonde au lieu et place ou avait coutume d’être une auge ou canal par laquelle descendoit une portion d’eau d’un bras de la rivière de Seine à la ville de Troyes par les arches de la Planche Clément [...]. La dite auge dans la largeur de neuf pouces et demi six pouces trois quarts de profondeur et douze pouces et demi à l’entrée du dit auge, sans pouvoir l’augmenter ni diminuer (Chaumonnot 1868 : 158-159). Plusieurs datations dendrochronologiques militent en faveur d’une construction peu de temps après, vers 1519-1520. Les premières structures font leur apparition plus au nord, dans le secteur 3, zone totalement délaissée jusque-là. Une bonde semble également y être construite, mais les éléments conservés sont ici moins nombreux et la datation moins assurée. La phase 11 (seconde moitié du XVIe siècle) se situe dans la continuité de la phase précédente, avec les mêmes structures : éléments bâtis au plus proche la rue Neuve des Bains, puits à l’arrière. Cette phase voit également l’abandon des fossés de drainage d’orientation nord/sud qui délimitaient des espaces, peut-être des parcelles. Les activités pratiquées sont les mêmes qu’auparavant : rouissage du chanvre attesté dans un bassin en bois, arbres fruitiers et culture de la vigne, rejet après traitement d’une récolte de seigle dans un puits. On assiste ensuite à un hiatus durant les trois premiers quarts du XVIIe siècle. Le mobilier céramique de cette période est absent et les datations dendrochronologiques sont rares. Il y a probablement continuité de l’occupation sur l’emprise même, mais celle-ci demeure invisible. C’est le moment où les inondations semblent les plus dévastatrices, particulièrement entre 1550 et 1650. À Troyes, l’inondation de 1658 est vue comme plus catastrophique que celle de 1910. Une chronique de l’année 1697, nous apprend que l’ensemble de l’Île de Troyes a été touchée : sur 52 maisons, seules 5 sont encore debout, le prieuré Notre-Dame-en-L’Isle est entièrement inondé, ses murailles tombent et le maître autel se retrouve sous deux pieds d’eau, 5 ponts sont détruits… Une fouille récente, au sud de la ville historique de Troyes, 21 rue des Terrasses, a permis de documenter un fossé relié au canal du haut Trévois. La chronologie débuterait vers les XIIe-XIIIe siècle et un exhaussement important, environ 0,70 m, a pu être enregistré au cours du XVIIe siècle avant le creusement d’un nouveau tracé (Kasprzyk en cours). Il est possible que ce siècle soit une période de bouleversements, de stress hydrique dans le secteur de la ville de Troyes, mais seules de nouvelles opérations permettront de mieux cerner le sujet. À la fin du XVIIe siècle et durant la première moitié du XVIIIe siècle (phase 12), les canaux reprennent le tracé de leurs prédécesseurs, mais on retrouve alors des canaux sans aménagements en bois et très larges. Des analyses sédimentologiques et granulométriques ont révélé une accélération de la compétence et de la dynamique hydrologique, puis un mauvais tri granulométrique dans un milieu mal drainé. Le mobilier céramique est singulier avec plus d’un tiers de pots horticoles. Plusieurs fosses, des tonneaux enterrés ayant probablement servi de latrines et des puits occupent toujours l’arrière des parcelles. Les premiers plans et les premières données historiques détaillées remontent à cette période : plan de Jouvin de Rochefort en 1679, Parizot de Nismes en 1697 puis le plan Coluel en 1769 ; en 1742, un acte notarié de vente précise que la parcelle à l’angle de la rue de la Planche Clément et de la rue Neuve appartient désormais à la famille Gentil. On y trouve alors un petit cabinet, un terrain emplantés d’arbres fruitiers et de vignes. La construction de bains de santé, à partir de 1767, s’accompagne de la création de nouvelles bondes, selon une orientation similaire aux phases antérieures, mais décalées vers le nord (phase 13). Les bois sont particulièrement bien préservés au sein des structures 1209 et 3026 et les datations dendrochronologiques sont nombreuses. De surcroît, des maçonneries permettent de restituer au moins un bâtiment lié à cet établissement de bains. Les fondations sont assises sur des pieux ; blocs de craie et mortier ocre induré constituent l’ensemble des maçonneries. Cet établissement a été fondé par le chirurgien Pierre Rousselet. Au cours du XIXe siècle, la situation des structures en eau évolue peu (phase 14). Les bains de santé se voient adjoindre un second établissement concurrent, les bains Meusy. Ils seront victimes d’un incendie en octobre 1930 ; les bâtiments sont alors définitivement démolis et la bonde du Grand Séminaire comblée. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, une usine textile s’installe dans l’angle sud-est de l’emprise fouillée. Dénommée Filature de l’Arquebuse, ces fondations ont été retrouvés. À nouveau, les murs s’appuient sur un nombre considérable de piquets et deux plateformes de pieux ont également été observées. Lors de la phase 15 (1930 à nos jours), l’usine de l’Arquebuse est démantelée en 1952 lors de la création de la Cité de Relogement, qui a elle-même fait l’objet d’une démolition avant notre intervention. La rue Marguerite Bourgeoys, à l’est, est percée en 1954 donnant au quartier l’aspect qu’il possède encore. |
Sujet |
zone humide aménagement du relief sépulture inhumation fossé canal drainage aménagement de berge édifice fosse puits jardin prisonnier bassin (structure) culture fruitière inondation latrines maçonnerie établissement de bain incendie urbanisme industrie lithique céramique gallo-romaine céramique médiévale céramique moderne céramique glaçurée faïence tonneau faune mortier de construction terre cuite architecturale objet métallique épée pendentif fer à cheval monnaie verre cuir chaussure bois pieu mortier (récipient) géologie palynologie céramologie numismatique archéozoologie dendrochronologie xylologie carpologie anthropologie radiocarbone archives catalogue |
Lieux |
Troyes Aube Dép |
Chronologie |
Alleröd Protohistoire Antiquité romaine ép médiévale Haut Moyen Age Moyen Age Bas Moyen Age Temps Modernes ép contemporaine |
Descripteur |
paléochenal,
solin,
bonde,
rouissage du chanvre,
uside textile,
pot agricole,
arrossoir
instrumentum,
mortier en pierre
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Ark de la Notice : | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0181309 |
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Ark de F119950_01_BD.pdf | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0181309/doc/58891 |
Ark de F119950_02_BD.pdf | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0181309/doc/58892 |
Ark de F119950_03_BD.pdf | https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0181309/doc/58893 |
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